Aziz EL HANBALI
Lundi 6 octobre 2025, à peine quelques semaines après sa nomination, Sébastien Lecornu a présenté sa démission de Matignon, plongeant la France dans une nouvelle zone de turbulences. L’annonce est intervenue au lendemain de la présentation de son gouvernement et au cœur d’un bras de fer avec des oppositions galvanisées. Les griefs ont fusé : composition jugée « à l’identique », promesses de gouverner sans 49.3, et un déficit de confiance pointé par le patron des Républicains, Bruno Retailleau, notamment au sujet de la place de Bruno Le Maire. Le départ précipité de Lecornu a aussitôt relancé les appels à la dissolution et à des législatives anticipées, tandis que marchés et euro accusaient le coup
Au sud de la Méditerranée, la dynamique de contestation portée par le collectif Génération Z (dit « GenZ 212 ») s’installe dans la durée. Des rassemblements successifs ont eu lieu dans plusieurs villes — notamment Casablanca et Rabat — avec une double exigence : des réformes sociales concrètes (santé, éducation, emploi) et la démission du chef du gouvernement Aziz Akhannouch. Si l’exécutif a affiché sa disposition au dialogue, la base militante demeure sceptique et maintient la pression
Symbole de l’urgence sociale, la santé cristallise les attentes. Dans ce contexte, le ministère de la Santé marocain tente de réaffirmer les fondamentaux du système par une série de mesures centrées sur les soins de santé primaires : rappel à l’ordre sur l’assiduité et l’éthique professionnelles dans les hôpitaux (circulaires du 23 septembre), sécurisation des services, et cap réaffirmé sur la digitalisation (généralisation des systèmes d’information en 2025, dossier médical partagé, interconnexion des établissements). Ces annonces s’inscrivent dans la continuité du « Plan Santé 2025 » et d’une réhabilitation à grande échelle des centres de santé de premier recours. Reste l’écart entre normes affichées et vécu quotidien des usagers, que les manifestations mettent crûment en lumière
Qu’il s’agisse de Paris ou de Rabat, le message populaire converge : lassitude vis-à-vis des jeux d’appareils, exigence de résultats tangibles et de lisibilité. En France, l’exécutif doit arbitrer entre nouveau casting, dissolution ou compromis introuvable. Au Maroc, l’épreuve est sociale avant d’être institutionnelle : la réforme des soins primaires — pierre angulaire de l’équité sanitaire — devra se traduire rapidement par des services accessibles, fiables et dignes, faute de quoi la contestation risque de s’enkyster.