Dissolution : « L’absence de majorité claire est le scénario le plus probable »
Le choc est grand, l’évènement est solennel, et la réaction du président de la République en est la preuve. Pour la première fois depuis Jean-Marie Le Pen, la droite a réussi à s’imposer sans contestation. Du haut de ses 32%, de son allure aérienne et de sa personnalité de gendre parfait, Bardella a prouvé que les idéaux de la droite ont convaincu les Français.
Voilà une situation politique excitante et intéressante à déchiffrer. La théorie principale soulevée dans ce cas d’espèce ne peut être autre que le vote de sanction. En effet, la succession d’un ensemble de décisions de l’exécutif, parmi lesquelles figurent celles relatives aux retraites, à l’agriculture et à l’immigration, pour n’en citer que ces trois, fait en sorte que Renaissance se trouve dans une deuxième place bien embarrassante avec moins que la moitié du score du Rassemblement National.
Cependant, d’autres éléments ont certainement influencé ce résultat. La montée en force de Reconquête a joué un rôle important dans ce sens. En poussant des idées bien plus à droite que celles de Marine et ses compagnons, ils ont réussi à les présenter comme des enfants de chœur. Comme dirait Einstein, tout est relatif. Comment peut-on dire après tout que le RN est un danger, dans un paysage politique où existe Reconquête. Les lignes rouges ont donc naturellement bougé.
Nous notons aussi que la montée des deux extrêmes est encore plus mise en avant avec une amélioration de 2% pour LFI qui a décroché la quatrième place sous Manon Aubry, ce qui permet notamment à Rima Hassan d’entrer à l’hémicycle et de mieux défendre la cause palestinienne. Ainsi que l’accès au parlement européen de Reconquête pour la première fois avec cinq députés. Sans oublier les socialistes qui ont pu, grâce à une campagne réussie de Raphaël Glucksmann, sortir de ces élections à égalité presque avec les macronistes en troisième position.
Toutefois, l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale a mis fin aux célébrations des vainqueurs et aux lamentations des vaincus. Ils se sont tous mis au travail. De Glucksmann qui a annulé son point de presse pour passer sa soirée au téléphone à négocier, aux dirigeants du RN qui se retirèrent assez tôt pour se diriger à leur quartier général et entamer leur plan de guerre. En passant par l’appel de Reconquête, dès les premières minutes succédant l’annonce, à l’union de toutes les droites.
Mais dans ce sens, et pour barrer le chemin à une majorité parlementaire droitiste, l’union est au rendez-vous à gauche également. Entre les socialistes, les insoumis et les écolos, une question se pose : dans quel cadre ? Ruffin propose un “front populaire”, mais rien n’est encore clair. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que le travail législatif en France n’est pas simple aujourd’hui et ne s’améliorera sûrement pas dans une situation comme celle-ci.
Mamoune ACHARKI